Cabaret de l’exil – Femmes persanes

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Cabaret de l’exil – Zingaro

Femmes persanes

Théâtre : Théâtre Zingaro, Fort d’Aubervilliers

Date : 6 décembre 2023

Spectacle prolongé jusqu’au 31 mars 2024

Conçu et mise en scène : Bartabas


Argument

Pour le troisième volet des Cabaret de l’exil, Bartabas rend hommage aux femmes persanes..

J’y suis allée, le 6 décembre 2023, aveugle, en faisant confiance aux choix de mon amie, une cavalière, une adepte de l’art équestre. Il fait nuit, les locaux sont peu éclairés, froids. On nous accompagne de la grande salle d’accueil, de restauration dans un chapiteau boisé où nous avons mangé un des plats uniques, bœuf ou poulet épicé au riz, en contournant les écuries, dans le grand cirque de spectacle, un autre chapiteau boisé. Notre guide est un bel homme, élancé, brun. Syrien ? Il joue dans le spectacle, et comme tous les interprètes, il est polyvalent, il est partout. Nous voilà, à trébucher sur les gradins illuminés par une torche. Un homme en uniforme d’écuyer, veste rouge boutonnée avec col remontant, pantalon noir et fez, nous amène aux coussins sur un banc, notre place pour la soirée où nous jouissons d’une vue plongeante sur la scène, la ronde recouverte d’une nappe d’eau rougeâtre. À nos pieds, les places plus luxueuses, plus chères comme dans un cabaret, de petites tables garnies de lampions, de sucreries arabes, d’une théière en verre et des tasses. On tremble d’anticipation dans ce décor de mille et une nuits, de mythes et de vibrations animales. La première séquence commence. Une introduction musicale aux paroles de l’exil, de la perte et de la nostalgie jouées sur des instruments traditionnels (kamantcheh, setâr, santûr, tombak…) et chantées par des femmes perses, des vraies. Envoutant. Et ainsi de suite, un enchaînement de scènes, les unes plus excitantes et palpitantes que les autres. Vont-elles tomber ? Je ne peux pas m’empêcher de poser la question. Exit mes craintes sur la cruauté animalière ou les méthodes non avouées de dressage pour faire danser un cheval. C’est par la compensation maintenant. Le spectacle est tout simplement extraordinaire, drôle et profond à la fois, exhilarant et captivant. Des moments de pure grâce lorsque l’on voit un corps féminin drapé sur son cheval qui galope, qui tourne en rond ! Elle se relève par la puissance de ses reins, les muscles de ses cuisses avec un sens de rythme, de synergie avec le trot de sa monture. Seule ou à plusieurs, les démonstrations se poursuivent : une femme danse au sol, en derviche tourner, vêtue de rouge, de blanc ou de noir et, pour la dernière séquence, elle est pendue dans le vide par ses propres cheveux ; un couple de femmes fortes, rondes et souples, à pantalon ou en jupe, glissent de part et d’autre du cheval, remontent et, pieds plantés fermement sur le dos, continuent de dessiner des cercles dans le sable ; ici une autre cavalière se retourne, saute, vol dans l’air et termine sur les genoux d’un spectateur, suivie de sa collègue et bientôt toute la salle s’éclate de rire ; les hommes ne sont pas en reste. Bien qu’accessoires, ils arrivent vers la fin du spectacle pour chasser les oies ou mener les ânes tandis que les femmes perses, afghanes, iraniennes, continuent à nous enchanter par leur élasticité, force et souplesse et reviennent, encore et encore, cheveux dans le vent, comme si elles y étaient, oui, oui, on les croit, on les voit, galopant sur des purs sangs sur les hauts plateaux de la Perse.

Wendy Atkinson


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