Bâtiment 5

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Bâtiment 5

Année de sortie : 2023

Réalisation : Ladj Ly

Durée : 1h40

Distribution : Anta Diaw , Alexis Manenti , Aristote Luyindula


Argument

Haby, jeune femme très impliquée dans la vie de sa commune, découvre le nouveau plan de réaménagement du quartier dans lequel elle a grandi. Mené en catimini par Pierre Forges, un jeune pédiatre propulsé maire, il prévoit la démolition de l’immeuble où Haby a grandi. Avec les siens, elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité et ses grandes ambitions pour empêcher la destruction du bâtiment 5.

Si le précédent film de Ladj Ly, Les Misérables, a aussi bien marché, c’est peut-être parce qu’il réunissait deux qualités essentielles pour proposer un cinéma politique ;

– un récit au canevas simple mais tragique : le lionceau d’un cirque aurait disparu, les uns accusent les autres, les tensions montent jusqu’à ce que la police s’en mêle et que les choses dégénèrent.

– un geste de cinéma pris dans un élan de révolte et d’indignation qui ne troquait pas pour autant sa quête de compréhension contre un manichéisme éculé.

Malheureusement, c’est tout l’inverse qui se produit dans ce deuxième film qui constitue, selon le réalisateur, la suite d’une œuvre plus globale pensée comme une trilogie.

Tout l’inverse donc, car ici, le récit est emmêlé, brouillon, confus, et le film peine à tenir toutes les trames narratives dont certaines sont même abandonnées en cours de route. Comme celle-ci, lorsque Haby (Anta Diaw) décide de se présenter aux élections municipales de la ville. Nous la voyons faire campagne, perfectionner un discours, tracter, questionner les moyens d’action, etc… et puis plus rien, nous n’en saurons jamais plus de cette idée avortée. Idée qui aurait pourtant été passionnante à développer et qui aurait parfaitement fait le lien avec Les Misérables qui dressait un constat accablant sur la police mais aussi et surtout sur la politique. Bâtiment 5 aurait donc pu s’intéresser aux arcanes du pouvoir et à la difficulté de mener une politique locale souvent contrainte par une politique nationale. Au lieu de quoi le cinéaste a préféré esquisser grossièrement des figures caricaturales de « gentil » (Haby, une femme engagée toujours prête à aider) et de « méchant » (un maire de droite voire d’extrême droite ce qui, soit dit en passant, n’était pas le vrai bord politique du maire de l’époque – Claude Dilain, de gauche, connu pour sa lutte contre les logements insalubres – auquel le film se réfère.)

Quant au geste d’un cinéma qui se voudrait révolté, l’indignation s’est ici un peu tarie.

Le confort qu’offre le succès a ramolli la hargne et le travail pour nous proposer un film paresseux où aucune maison ne sera finalement brûlée au risque de perdre son électorat de cinéma.

À bien y réfléchir, le seul personnage réussi est peut-être celui de Roger Roche (joué par Steve Tientcheu) dont la théorie « un pied dedans un pied dehors » doit particulièrement bien parler à Ladj Ly et son nouveau milieu, celui du cinéma. Dommage.

Louise A


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